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Evoqué par le ministère de la Santé et concrétisé récemment par le ministère de l’Enseignement supérieur (MESRS), le concept de Médecine de famille (MDF) s’est progressivement imposé comme axe de développement des soins médicaux de proximité au service de la population. Mais, les débats rapportés par la société et les professionnels de la santé portent sur l’impact du concept de la MDF sur la qualité des soins primaires et sa perception par rapport à la Médecine générale (MG).
En effet, cette dernière est l’aboutissement d’un cycle de formation de sept ans qui ne répond pas actuellement aux normes pédagogiques d’apprentissage en sciences de la santé et encore moins aux besoins de soins de santé des citoyens, car la formation en médecine générale est focalisée sur l’acquisition des connaissances disciplinaires le plus souvent spécialisées et centrée sur l’organe au lieu d’être axée sur le développement des compétences médicales centrées sur le patient et sa famille avec leur prise en charge continue et globale.
Par ailleurs, la médecine de famille est l’aboutissement d’un cycle de formation en spécialisation dans la même branche dite aussi résidence en médecine de famille. En d’autres termes, il s’agirait de la finalité de cette dernière sur une période d’apprentissage de deux à trois années aboutissant à l’acquisition et au développement de compétences médicales aux services des soins de qualité centrée sur l’individu et sa famille. En effet, la pratique de la médecine familiale est centrée sur les patients et leur famille dont les besoins de santé ont lieu au sein d’établissement de soins primaires ou de première ligne.
En d’autres termes, la médecine de famille est l’environnement où les patients se sentent le plus à l’aise pour présenter leurs préoccupations personnelles et familiales de santé et d’en discuter avec leur médecin de famille. De plus, la médecine de famille est le carrefour des prestations des soins primaires et de leur coordination avec les autres professionnels de santé pour offrir une gamme complète de services médicaux dont les patients ont besoin.
L’instauration du concept de médecine familiale en Algérie n’est possible que par la réforme du curriculum de formation médicale et des pratiques pédagogiques, notamment par la formation des formateurs en médecine familiale dans le domaine de la pédagogie appliquée en sciences de la santé. En d’autres termes, il est inadmissible et inimaginable du point de vue pédagogique et curriculaire que la médecine familiale soit enseignée par des professionnels de la santé autres que les formateurs en médecine de famille. C’est une condition sine qua non pour espérer une implémentation du concept de MDF au sein de la communauté médicale cible.
En d’autres termes, une réingénierie profonde du curriculum de la formation initiale doit être engagée en collaboration avec les professionnels de la santé et des experts en pédagogie médicale, car le curriculum de formation médicale est le parcours pédagogique nécessaire pour tout apprenant admis à l’intérieur d’un projet d’apprentissage en sciences de la santé dont la finalité est de fournir à la société des médecins de famille compétents et autonomes.
A cet effet, chaque faculté de médecine est responsable de l’ensemble du cheminement pédagogique des apprenants qui lui sont confiés par la société, et cela pour toute la durée du programme de formation. De plus, pour toute faculté de médecine, l’apprenant en sciences de la santé doit être au cœur de sa préoccupation pédagogique tant sur le plan des enseignements que celle des apprentissages.
La formation médicale initiale dépend du ministère l’Enseignement supérieur dont la réforme du curriculum de formation semble être en gestation, mais on ne connaît pas pour le moment ni son architecture ni ses aboutissements pédagogiques. Il est important de signaler d’emblée qu’en plus de l’absence de la qualité des enseignements et des apprentissages dans le cycle clinique, c’est au niveau du cycle de l’internat que le curriculum de formation doit être sérieusement revu et revisité. En d’autres termes, la finalité du cycle de l’internat n’est plus adaptée aux normes de formations médicales en vigueur, car elle est sans impact ni sur la qualité des apprentissages ni sur la qualité des soins de santé. En effet, sa finalité est de produire un médecin diplômé et doté de connaissances disciplinaires sans lien avec la réalité de la pratique de la médecine familiale. De plus, l’évaluation à chaque fin de stage du cycle de l’internat est obsolète et ne reflète ni les connaissances acquises ni les compétences en soins de santé centrés sur le patient et sa famille.
Durant ce cycle de formation, les enseignements et les apprentissages se déroulent le plus souvent dans des services de soins spécialisés assurés par des médecins spécialistes, et le plus souvent non disponibles et non formés à la pédagogie médicale ni à la supervision clinique des apprenants. De plus, l’interne comme étant en fin de cycle de la formation médicale n’a souvent pas eu suffisamment d’exposition clinique, ni de supervision adéquate, ni des évaluations centrées sur les compétences développées dans les différents départements des soins, car la formation médicale à l’internat est centrée sur des pathologies et des soins spécialisés qui ne le destinent pas à la pratique de la médecine de famille une fois arrivé sur le marché du travail.
Le curriculum de formation médicale actuel ainsi que la prise en charge pédagogique des apprentissages, des enseignements et de la supervision clinique des apprenants ne sont pas adaptés aux besoins de formation de future génération de médecin de famille. De plus, l’évaluation des apprentissages en fin de chaque stage d’internat est ponctuée par des rapports de recherche clinique qui n’ont que peu d’impact sur la pratique médicale, et surtout cette évaluation ne reflète en rien la qualité des enseignements et des apprentissages en sciences de la santé. Ce mode d’évaluation est obsolète et doit être remplacé par des modes et des méthodes d’évaluation des apprentissages adéquats et adaptés à la réalité de la pratique de la médecine de famille. En d’autres termes, les outils docimologiques doivent refléter le développement des compétences médicales centré sur l’individu et sa famille, et pas seulement sur l’acquisition des connaissances disciplinaires.
Pour ce faire, il existe deux façons de développer le concept de la médecine de famille en Algérie. D’abord, par la réforme du curriculum de la formation médicale initiale et surtout par la conversion du cycle de l’internat en résidence de médecine de famille d’une durée de trois années. Mais également, il faut une réforme des pratiques pédagogiques d’autant que l’apprentissage axé sur le développement des compétences est particulièrement propice à la formation des futurs médecins de famille.
La seconde option est le Développement professionnel continu (DPC) comme matrice à l’accroissement des compétences médicales au sein de la communauté médicale en exercice. En d’autres termes, il faut intégrer le concept de médecine familiale chez les praticiens généralistes en exercice par le DPC sur une période de 2 à 3 ans par l’accumulation de crédit ou d’Unité éducation continue (1 UEC = 10 h) équivalente à la durée de la résidence en médecine familiale en formation initiale.
En effet, le DPC est depuis quelques années au centre d’un grand débat en milieu de santé, car il est reconnu qu’aucun professionnel de santé ne peut prétendre exercer son métier avec les seuls acquis de sa formation médicale initiale. L’exercice professionnel amène tout praticien à constater de possibles besoins d’apprentissage complémentaires en particulier au regard de l’évolution rapide des savoirs et de l’apparition de nouvelles thérapies. La nécessité de faire des apprentissages ne fait que débuter et est présente durant toute la carrière professionnelle d’un médecin généraliste.
Le DPC est sans aucun doute l’investissement le plus sûr qui permettra, d’une part, d’améliorer la qualité des soins offerts à la société et, d’autre part, de rehausser le niveau des pratiques et des compétences médicales. En d’autres termes, les institutions de formation étatiques et privées doivent impérativement prêter une attention particulière aux impacts et retombées positives du DPC sur la santé de la population en particulier et de la société en général. Sans prétendre avancer qu’il existe en Algérie une culture de DPC, ce dernier est en plein essor grâce aux développements des multiples offres de formations des différents organismes et institutions notamment privés dans tous les domaines disciplinaires en sciences de la santé.
Pour ce faire, il faut favoriser un renouveau pédagogique en sciences de la santé par la formation des formateurs sur la pratique de l’enseignement et des apprentissages en médecine familiale, car il est inconcevable que la médecine familiale soit promue et enseignée par des professionnels de la santé autres que les médecins de famille. Il est important à ce que la SAMG soit la passerelle de sélection des organismes et institutions de formation en contexte du DPC. Cette démarche doit être rigoureuse selon un cahier des charges précis qui répond aux besoins d’apprentissages tant au niveau disciplinaire que pédagogique.
De plus, il faut que tous conflits d’intérêt avec les compagnies pharmaceutiques cessent pour espérer une mutation en faveur des formations centrées sur des apprentissages de qualité et non sur le produit pharmaceutique. Par ailleurs, le DPC nécessite des ressources humaines compétentes en pédagogie médicale et en gestion administrative nécessaire pour espérer l’instauration de la culture du DPC au sein de la communauté médicale. Finalement, il est nécessaire de rappeler que la problématique centrale reste toujours la réforme du curriculum de formation que ce soit en formation initiale ou continue en contexte du DPC.

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